J'avais des amis, j'avais des ennemis : j'ai pardonné et je pardonne encore

Prénom : Antoine
Type(s) de handicap : Moteur
Spécialité(s) étudiée(s) : Master 2 Production cinéma
Ville : Nîmes
Témoignage :
La vie réserve parfois des surprises.
Une maxime aussi célèbre que ma naissance désastreuse.
Thème 1 : Présentation du handicap
Une simple complication pour un simple manque d’oxygène qui a plongé un nouveau né innocent dans un engrenage de survie.
Je grandissais et mon physique se métamorphosait étrangement. Une démarche déplaisante, des membres supérieurs crispés et une élocution imparfaite. J’étais officiellement un infirme moteur cérébral (IMC).
Mes parents ont essayé tant bien que mal de m’élever comme un petit garçon normal et ils ont réussi avec la médaille d’honneur. Je dormais dans une chambre entourée de Lego, je me rendais à mon école primaire à pied et le soir pour le goûter je savourais avec un enthousiasme presque dépressif les séances de kinésithérapeute et d’orthophonie.
Thème 2 : Scolarité
Sans aucun doute l’écriture a été LE combat qu’il fallait mener pour crédibiliser ma scolarité. J’ai appris à écrire comme tout le monde, avec un feutre et une feuille de papier. Facile pour écrire son prénom à l’école maternelle. Mais quand le moment était venu de rédiger une page entière à l’école primaire, l’exercice devenait un véritable marathon. Les solutions se sont enchaînées : assistante d’éducation (1 an, CE2), papier carbone (3 ans, CM1, CM2, 6ème), photocopies (1 an, 5ème), jusqu’à l’outil qui alla révolutionner ma vie scolaire et universitaire : l’ordinateur portable (4ème, toute ma vie).
J’avais des amis, j’avais des ennemis. Un handicap moteur est en proie à des moqueries sur l’apparence car la différence dérange et l’être humain est loin d’être parfait. C’est un fait. J’ai pardonné et je pardonne encore. Aujourd’hui j’ai 25 ans.
Thème 3 : Études suivies
J’ai un Master 2 Production Cinéma et mes parents sont fiers de moi. Aujourd’hui, je ne suis plus le petit garçon handicapé qui cherche un moyen de s’en sortir. Avant, j’avais peur. Peur de partir, peur du nouveau, peur de la routine.
J’ai vécu un an à Aix-en-Provence, dans un studio normal qui se trouvait dans une résidence normale. Dans cette ville où la vie étudiante est outrancièrement festive, j’ai prouvé que l’on pouvait être handicapé, faire la fête et obtenu sa Licence Cinéma avec mention.
Thème 4 : Vie professionnelle
De retour à Montpellier pour le Master, je me réfugiais presque dans les études pour repousser mon insertion dans la vie professionnelle. J’ai fait de nombreux stages, côtoyé des patrons et prouvé encore une fois que j’étais capable de m’intégrer pleinement dans la vie d’entreprise et accomplir avec succès les tâches que l’on me confié. Mais la réalité reste la réalité. J’ai choisi une voie où le travail doit se mériter et le handicap ne favorise pas l’emploi. Mais il peut être un atout de taille. Je ne baisserais jamais les bras.
Date du témoignage : le 03 mai 2013